Une gifle! Façon embruns, claquant au visage lorsque, debout à la proue d'un bateau, vous parcourez des yeux l'horizon-océan. C'est l'effet produit par l'exposition du Pêcheur de tons, Jean Noël DUCHEMIN, quand le visiteur pénétre dans l'antre du Centre Culturel où l'artiste vient de jeter l'ancre. "Depuis mon retour à terre, explique celui qui a vogué sur les flots entre Açores et Antilles durant un an, c'est ma première grosse exposition.

Il au Trésor, c'est la suite logique du travail entamé avant de reprendre la mer. Avec de nouvelles oeuvres, dont un coup de foudre pour les cétacés."

On retrouve ses pirates Chemises toiles de lin bariolées, chamarées campant filles de joie des ports, marins, pêcheurs en eaux troubles, imprégnés d'extraits des livres de Stevenson, Bjorn Larsson ou de Melville. Le declic s'est produit après que l'artiste a rencontré l'écrivain suédois et marin tout comme lui, Bjorn Larsson. Et aussi grâce aux don d'une centaine de chemises de lin par un ami. "La génèse d'Il au Tréor part de là. J'adore utiliser toutes sortes de matériaux de récupération comme support: aussi bien les moules des voiliers multicoques transocéaniques que leurs mats en carbone; aussi bien les bois flottés que les voiles d'un thonier récupérées à l'ile de Groix ou mes toiles de lin."

La mer, l'enfance, la quête d'un trésor jouent au flux et au reflux avec l'inspiration de l'artiste.

"Les  cachalots ça me démange depuis toujours." Troupeaux de dauphins, de globicéphales, de cachalots n'ont jamais cessé de croiser Gandalf, le voilier de la famille Duchemin; "Des instants uniques! l'an dernier, avant Madère, un rorqual de 18 mètres nous a accompagné pendant trois heures: il est venu jusqu'à un mètre du franc bord du voilier; Fascinant!" Intarissable: "un autre jour, en prenant mon quart alors que le voilier glissait sur l'eau sous spi, tranquille, j'ai vu deux têtes de cachalots en surface filant droit sur l'étrave du bateau. Au dernier moment, ils sont passés sous la carène et ont emérgé ensuite, soufflant leur trouille. Je crois qu'ils ont eu aussi peur que nous." De vraies émotions qui finissent sur des toiles de lin qui jouent la comédie. Car ce qui fait, aussi, le charme de l'artiste, c'est une véritable mise en scène de ses oeuvres. Là, elles cotoient sable, bariques de Rhum, voiles, tout un grément hissé haut. alors, montez sur le pont et savourez des oeuvres comme suspendues à des vergues.

Yann Halopeau, journaliste / écrivain, auteur du récit K'chalote.

 

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